Histoire de la vigne et du vin en France. Des origines au XIXè siècle
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Histoire de la vigne et du vin en France. Des origines au XIXè siècle Details
En bref Le chef-d'ouvre de Roger Dion enfin réédité. La référence inégalée pour comprendre la grande aventure de la viticulture française à la lumière de la géographie historique. Le livre Un monument de savoir, ouvre de toute une vie, porté par une idée-force qui a révolutionné l'approche traditionnelle de l'histoire viticole : non, la qualité des vins de France n'est pas due à celle des terroirs, ni à celle des cépages. Elle dépend de la position géographique des vignobles par rapport aux marchés de consommation : c'est le consommateur, ses exigences, ses attentes, qui ont poussé les viticulteurs à produire des vins de qualité. Les crus classés de Bordeaux ? Ils doivent leur richesse à la stratégie commerciale des Anglais, qui ont cherché dès le XVIe siècle des produits de qualité pour un marché formé de princes et de négociants. Les grandes appellations de Bourgogne ? Elles s'expliquent par les exigences de la cour des ducs de Bourgogne, à Dijon. Le nez frais et ouvert des Côtes du Rhône méridionales, dominées par de subtiles notes épicées ? Il doit son originalité aux attentes de la cour des Papes à Avignon et à la bourgeoisie lyonnaise. A l'inverse, le Languedoc produit peu de vins de qualité car la région a très tôt connu des difficultés à l'export : ses péniches qui descendaient le Canal du Midi étaient bloquées avant Bordeaux. Pour Dion, le terroir est un " fait social et non géologique ", une construction historique avant toute chose. Le rôle du terrain dans l'élaboration d'un grand cru ne va guère au-delà de celui de la matière dans l'élaboration d'une ouvre d'art. Une grande leçon de géographie historique. Une ode amoureuse aux terroirs des vins de France et aux hommes qui façonnèrent l'identité de nos vignobles. Arguments . Succès du Dictionnaire de la langue du vin, CNRS Editions, 2007 : 8 000 exemplaires vendus. . Actualité de Roger Dion à l'heure de la mondialisation du vin. . Un grand classique (première édition en 1959, réédition en 1987) de nouveau disponible.
Reviews
Il faut adopter un mode de lecture un peu particulier pour aborder un tel pavé (dans le marc) car les nombreux renvois aux historiens de l'antiquité et du moyen-âge rendent la lecture un peu fastidieuse et risquent de vous tourner la tête. A lire doucement,comme on boit un grand cru,à petites rasades (personnellement, c'est surtout le prix des grands vins qui me les fait boire lentement...).Roger Dion était un géographe-historien et il a publié ce livre dans les années cinquante à compte d'auteur, puis chez flammarion et aujourd'hui c'est le CNRS qui se charge de cette réédition bienvenue. L'ouvrage balaie l'histoire de la vigne et du vin en France, des romains au début du XXème siècle et il n'existe aucun autre ouvrage équivalent à ma connaissance.Ce n'est absolument pas un traité d'oenologie, bien qu'il aborde parfois certaines techniques de vinification (voire les détails croustillants sur l'ajout de sang de boeuf afin "d'allonger" le vin rouge dans le Paris du XVIIIème siècle, et les hécatombes mortelles qui s'ensuivaient!).C'est donc une mine de renseignements pour l'historien ou étudiant en oenologie, mais aussi pour toute personne s'interessant de près au monde du vin. Beaucoup de nos certitudes actuelles sont mises à mal: la prétendue supériorité géologique et climatique de certains crus était à l'origine due à leur proximité des voies navigables ou des grandes routes, voire du poids politique de leurs propriétaires. Le Champagne adoré des rois de France n'était pas encore effervescent et la guerre de cent ans avait aussi pour raison la possession des crus bordelais.Mille anecdotes de ce style pétillent tout au long de la lecture ( terre rapportée de la plaine dans le vignoble de la Romanée-Conti au XVIIIème, bonjour l'exception géologique!). L'auteur nous rappelle aussi que le vin, autrefois ,était (quand il n'était pas frelaté) la seule boisson hygiénique (avec la bière et le cidre,mais à un moindre degré) vu la qualité de l'eau à l'époque dans les villes. Les citadins seront surpris d'apprendre que leurs villes étaient entourées par des milliers d'hectares de vignes.Un livre admirable,au charme légérement désuet et fleuri d'un vieux Bourgogne un peu fané.